Réussite scolaire chez les élèves qui se testent régulièrement 🎓😎

Vous êtes étudiant et pensez que les examens blancs en cours d’année ne sont pas indispensables. Vous êtes parent et vous trouvez que votre enfant étudie, étudie beaucoup même, mais que la réussite scolaire n’est pas au rendez-vous pour autant. Vous êtes élève, n’avez plus beaucoup de temps avant vos examens et ne savez pas exactement par où commencer. Dans toutes les situations décrites, c’est se tester plus qu’étudier la théorie qui va vous apporter la réussite ! Faire des prédictions et analyser ses erreurs permet au cerveau de mémoriser deux fois mieux et s’auto-évaluer permet également de se situer dans son apprentissage et de se focaliser sur l’essentiel sans perdre de temps. S’évaluer est prioritaire par rapport à l’étude. Je vous explique comment dans cet article.

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Un élève mémorise mieux grâce aux prédictions qu’il fait et à l’analyse de ses erreurs

Le cerveau est capable d’émettre de façon inconsciente des prédictions sur son environnement, des probabilités avec un certain pourcentage d’erreur. Ces prédictions, le cerveau va ensuite les comparer avec les résultats obtenus.

Votre enfant analyse en permanence sans même sans rendre compte !

S’il y a un décalage entre les prédictions et la réalité, l’erreur va générer un état de « surprise » qui augmente à son tour l’état d’apprentissage et va permettre au cerveau d’apprendre de nouvelles données pour réduire ce pourcentage d’erreur.

Si l’erreur devient nulle, le cerveau n’a plus besoin d’apprendre et l’apprentissage s’arrête.

Un cercle des plus vertueux !

Un enfant qui est purement soumis à de l’étude sans se tester ne va donc pas apprendre aussi bien qu’un enfant qui teste ses connaissances.

Une expérience éducative concluante

C’est particulièrement bien démontré dans une expérience simple qui compare 3 groupes de collégiens qui apprennent pendant une durée équivalente mais sont soumis à un apprentissage composé

  • soit de 8 heures d’étude sans période de test,
  • soit de 6 heures d’étude et 2 heures de test
  • ou encore de 4 heures d’étude et 4 heures de test (Karpicke JD1, 2008).
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Fig. (Karpicke JD1, 2008) – réussite scolaire

 

Si on évalue les élèves des trois groupes rapidement après ces différentes séquences (étude uniquement ou alternance étude-tests), on ne voit pas de différence majeure. Ceci peut s’expliquer par le fait que les informations sont encore stockées dans la mémoire court terme, qu’on appelle aussi « mémoire de travail » et que les élèves vont restituer ce qui a été appris avec facilité.

En revanche, ce qui est très intéressant est que plus tardivement, ici 48h après avoir passé l’évaluation finale, ce sont les élèves qui ont eu le plus de périodes de tests qui ont le taux de réussite le plus important. Ce sont donc chez ces élèves que la rétention des informations a été la plus efficace et que le passage de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme est le plus abouti…

Si on ajoute des périodes de test, on diminue du même fait la période d’étude or cela a un impact plus que positif sur la mémorisation ! La période de test ne doit donc jamais être négligée, faute de temps par exemple, car elle est tout aussi importante, voire plus, pour l’apprentissage et les résultats scolaires (Karpicke JD1, 2008).

 

L’activité cérébrale

améliorer la réussite scolaire

De plus, il est démontré que la surprise engendrée par un écart entre la prédiction et le résultat obtenu vont augmenter l’activité cérébrale dans certaines parties du cerveau et améliorer la mémoire. Les informations dont la connaissance a suscité une grande curiosité et des prédictions de la part de l’élève vont être retenue presque deux fois mieux que celles qui n’ont suscité que pas ou peu d’intérêt (Kang MJ1, 2009).

 

 

Et encore plus incroyable:

réussite scolaire

Si la curiosité d’un élève est élevée pour une information, s’il reçoit une autre information qui n’a rien à voir juste après avoir reçu l’information qu’il attendait, les deux informations seront mémorisées avec la même efficacité (Gruber, 2014) !

La rétention en mémoire quand la curiosité est augmentée est donc non seulement meilleure pour les informations recherchées mais aussi pour des informations fortuites qui peuvent être complètement hors domaine, hors sujet … simplement du fait que certaines parties du cerveau sont activées par la curiosité pour certaines informations (les informations recherchées) à ce moment-là !

La mémorisation de ces informations fortuites, non recherchées par l’élève, bénéficie de l’activation du cerveau curieux.

Il est donc possible de maximiser pour chaque enfant l’apprentissage dans plusieurs domaines pour lesquels il n’est pas forcément curieux de nature, simplement en le plaçant dans une situation dans laquelle sa curiosité est stimulée de façon générale. C’est ce qu’on pourrait appeler un double effet Kiss cool 😉

 

La curiosité intellectuelle ou comment l’élève recherche activement de lui-même à faire des prédictions

réussite scolaire

 

L’enfant a une motivation intrinsèque pour l’exploration et la découverte de nouvelles connaissances.

Il va ainsi de lui-même rechercher activement des situations dans lesquelles il peut faire des prédictions sur son environnement, être surpris par les réponses et ajuster sa pensée à la réalité qu’il découvre (Kaplan, F et Oudeyer, PY, 2007).

Encore faut-il que son environnement, scolaire entre autres, lui permette de faire des prédictions et d’atteindre la réussite scolaire …

…et c’est ici que cela se complique …

Ministère de l’éducation, soit attentif …il faudra peut-être que tu revois ton système éducatif …

pédagogies

Apprendre à utiliser un microscope peut se faire de bien des manières différentes …quelle serait la meilleure manière selon vous ? …

  • Un professeur explique l’utilisation du microscope …
  • Un professeur guide pas à pas une lycéenne qui utilise le microscope pour la première fois …
  • L’élève découvre le microscope par elle-même …

Vous avez votre petite idée ?

Voyons plutôt …

Cours Magistral

Le professeur explique  l’utilisation du microscope …

Peu efficace …Rester passif devant une information qui est reçue ne suffit pas pour apprendre. Un cours magistral donné par un professeur « omniscient » qui ne laisse pas de place à l’interaction avec les élèves par exemple n’est absolument pas favorable à une bonne mémorisation des informations. C’est cette réalité que met en avant le résumé de pas moins de 200 projets de recherche sur la question (Freeman, S, 2014).

Pédagogie active

En comparaison, les pédagogies dites « actives » semblent beaucoup plus aptes à assurer aux élèves une bonne rétention des connaissances car elles attisent la curiosité de l’apprenant en lui permettant d’émettre ces fameuses prédictions, d’explorer par lui-même, de poser des questions, de collaborer avec d’autres élèves. Ces pédagogies laissent entendre qu’au-delà de ce que le professeur enseigne, il y a de nouvelles choses que l’élève peut apprendre par lui-même car le professeur n’a pas tout dit ou tout simplement car il ne connaît pas tout contrairement à un enseignant qui se présenterait comme un maître-expert dont on ne peut interrompre le monologue … (Bonawitz, 2011).

Apprendre seul

Laisser l’élève découvrir par lui-même sans encadrement, en toute « liberté » (comme dans certains types d’apprentissage autonome) ne permet pas non plus, à l’instar des enseignements magistraux, un apprentissage efficace ! En effet, cette façon de procéder ne canalise pas les efforts de l’enfant vers un but d’apprentissage en particulier (Mayer, 2004).

 

La communauté éducative n’est pas toujours consciente de ces différences …

Les élèves en difficulté scolaire ne sont peut-être pas forcément des élèves dont les habiletés et connaissances ne sont pas suffisantes mais bien des élèves qui ne sont pas assez intéressés parce qu’on ne les laisse pas assez expérimenter et interagir …tout en étant guider.

La curiosité intellectuelle favorise la réussite scolaire.


Le cerveau choisi un domaine ni trop simple ni trop difficile pour faire ses prédictions

projet éducatif

 

Le cerveau évalue différentes niches d’apprentissage dans lesquelles il peut progresser facilement càd dans lesquelles l’écart entre ce qu’il connaît (l’erreur de prédiction actuelle) et ce qu’il voudrait connaitre (avec une erreur de prédiction nulle) peut être minimisé le plus rapidement et le plus facilement possible (Kaplan, F et Oudeyer, PY, 2007).

Le cerveau abandonne ensuite la niche quand il estime que l’apprentissage est suffisant, càd quand l’ennui s’installe et que le défi n’est plus suffisamment important que pour assurer la motivation d’apprendre.

Le niveau de difficulté du projet éducatif est donc un élément crucial à prendre en considération ! Il doit être:

  • suffisamment stimulant
  • suffisamment accessible

Stimulant

stimuler l'apprentissage

Il faut s’assurer que l’apprentissage soit suffisamment stimulant pour que l’élève aie envie de faire des prédictions et de les vérifier !

  • En effet, si ce qui doit être appris est difficile, l’élève devra doubler d’effort et de curiosité et apprendra du coup mieux. S’il n’a aucun challenge, le cerveau détecte qu’entre les connaissances acquises et celles qui restent à apprendre, le décalage est minime et l’apprentissage sera minimal de même. Ceci ne le motive pas à faire des prédictions et à générer cet effet de surprise qui le stimule.
  • Au contraire, si le domaine est trop difficile, l’écart entre ce qui est connu et ce qui reste à découvrir est trop important et le cerveau se désintéresse.

Mais pas inaccessible

apprentissage et réussite

Nous sommes naturellement amenés à investiguer des domaines ou des parties de cours qui sont rapidement appropriables plutôt que des domaines trop difficiles.

La réussite scolaire d’un élève dépend donc également de la faculté d’un professeur à évaluer correctement le niveau de difficulté adéquat pour chaque élève …

Égalité des chances, adaptation au rythme de chaque enfant, soutien périscolaire, action sociale et pédagogique dans les milieux défavorisés, …ces mots prennent tout leur sens.

 

La réussite scolaire et le système de notation …

Ne pas sanctionner une erreur – Ne pas récompenser une bonne réponse

apprentissage et réussite

 

Peut-on augmenter la curiosité des enfants en la renforçant avec des récompenses pour qu’ils apprennent mieux ? Cette question a lieu d’être car les circuits neuronaux du plaisir qu’a un enfant quand il fait une prédiction correcte ou qu’il apprend quelque chose sont les mêmes que ceux qui s’activent quand il « reçoit » quelque chose de son environnement (Gruber, 2014). Il peut s’agir d’un cadeau mais aussi d’une reconnaissance sociale (bons points de la part d’un professeur par exemple).

Peut-on dès lors encourager de façon artificielle une curiosité qui n’est pas présente de facto chez l’enfant de façon par exemple à compenser un manque de motivation pour tel ou tel matière ?

Ce n’est sans doute pas souhaitable. Pourquoi ?

  • Quand votre enfant trouve la bonne réponse, ou évolue dans son apprentissage, il trouve souvent une récompense intrinsèque dans le regard qu’il porte sur-lui-même. Son circuit de récompense est activé automatiquement sans que vous n’ayez à intervenir.
  • De plus, vivre à travers le regard des autres, notamment des professeurs, voir à travers les récompenses matérielles qui sont octroyées ne favorise pas le développement de l’estime de soi qui est, elle en revanche, tout à fait nécessaire à l’apprentissage.

De la même façon, quand votre enfant fait une erreur, il est absolument contre-productif de vouloir le sanctionner ou le réprimander avec des « mauvais » points.

Ce n’est certainement pas souhaitable ! Pourquoi ?

  • D’abord et tout simplement car cela génère en lui du stress qui empêche son attention d’être focalisée sur ce qu’il apprend.
  • Ensuite car cela diminue également l’estime qu’il a de lui et il a été démontré, comme dit précédemment, qu’une bonne estime de ses capacités d’évoluer et d’apprendre de nouvelles choses vont conditionner l’enfant (surtout les jeunes enfants dont la fragilité au regard des autres est plus importante et qui ont besoin d’un regard bienveillant pour bien grandir) à apprendre plus facilement.

Ceci est évidemment en contradiction avec le système d’évaluation actuellement en vigueur dans notre système éducatif (que ce soit dans les écoles françaises ou belges). Il serait donc peut-être utile, non seulement de rendre les cours plus interactifs pour les enfants scolarisés, mais également de se tourner vers d’autres types d’évaluation tels que ceux instaurés dans d’autres pays par exemple (notation, redoublement, …) pour favoriser la réussite scolaire des élèves de façon bienveillante et constructive !

L’éducation nationale pourrait s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Certains élèves en difficultés scolaires voir en décrochage ne le sont qu’uniquement car ils ont perdu confiance en eux. Changer d’approche (sans forcément passer par un tutorat) est souvent le coup de pouce qui leur manque pour reprendre un parcours scolaire serein et viser l’épanouissement dans ce parcours. Les enseignants mais aussi les éducateurs et leurs parents ont tous un rôle à jouer dans la vision qu’à un enfant des apprentissages. L’ensemble des acteurs de la vie éducative de l’enfant vont apporter leur pierre à l’édifice.

Dans notre société les échecs sont redoutés, alors qu’ils sont la base de l’apprentissage. Ce n’est pas philosophique …sans scientifique (prouvé expérimentalement).

L’échec scolaire doit quand à lui permettre de se poser les bonnes questions, y compris sur notre système d’éducation…

 

Favoriser la réussite des élèves, en bref !

Quel accompagnement pour promouvoir la réussite scolaire ?

accompagnement scolaire

  1. Laisser à l’enfant l’opportunité de faire des prédictions dans un environnement dans lequel il peut interagir mais aussi dans lequel il est « guidé » par l’enseignant. Celui-ci doit avoir « réfléchi » auparavant à une séquence d’apprentissage dans lequel l’enfant peut avoir une suite de surprises intellectuelles. Une pédagogie active vaut donc mieux qu’un cours magistral dans lequel il écoute passivement l’enseignant « expert » mais aussi plutôt qu’un enseignement dit « autonome » où il est laissé à lui-même.
  2. Lui présenter des domaines d’apprentissage d’un niveau de difficulté suffisant pour être stimulants mais pas trop difficiles.
  3. Donner à l’enfant un retour sur erreur immédiat pour qu’il puisse confronter ses prédictions à la réalité et augmenter son apprentissage
  4. Ne pas sanctionner ou récompenser l’enfant selon les résultats qu’il obtient. Il trouve en lui les ressources nécessaires pour s’améliorer ou se récompenser selon les cas.

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J’espère que vous aurez compris à quel point s’évaluer est important pour la mémorisation et l’efficacité du travail que votre enfant accompli chaque jour.

La réussite scolaire passe aussi par une réussite éducative !

N’hésitez pas à me laisser des commentaires ou à vous abonner à ce blog.

 

Des Outils Pour Apprendre

 

De quoi faire des flashcards, à acheter dès le début de l’année …

Réussite scolaire – Travaux cités

Bonawitz, E. (2011). The double-edged sword of pedagogy: Instruction limits spontaneous exploration and discovery. Cognition, 120(3):322-30.

Freeman, S. (2014). Active learning increases student performance in science, engineering, and mathematics. PNAS, 111(23):8410-5.

Gruber, M. (2014). States of curiosity modulate hippocampus-dependent learning via the dopaminergic circuit. Neuron, 84(2):486-96.

Kang MJ1. (2009). The wick in the candle of learning: epistemic curiosity activates reward circuitry and enhances memory. Psychol SCi, 20(8):963-73.

Kaplan, F et Oudeyer, PY. (2007). In search of the neural circuits of intrinsic motivation. Front Neurosci, 1(1):225-36.

Karpicke JD1, R. H. (2008). The critical importance of retrieval for learning. Science, 319(5865):966-8.

Mayer. (2004). Should there be a three-strikes rule against pure discovery learning? The case for guided methods of instruction. Am Psychol, 59(1):14-9.

4 thoughts on “Réussite scolaire chez les élèves qui se testent régulièrement 🎓😎”

  1. Le Blog du Rédacteur says:

    Génial cet article, riche en enseignement et ultra-complet. Toutes ces études prouvent encore par A+B que l’école en France a encore bien du travail à faire.
    Merci, je garde dans mes favoris 🙂

  2. Super article Sarah, je m’efforce de fonctionner comme cela avec mes étudiants et je dois dire que pour le moment les érsultats sont au rendez vous.
    Je trouve que dans la pratique 2 points sont cruciaux:
    *les faire fonctionner tout le temps avec des schémas de prédiction (si tu as une astuce je suis preneuse)
    *l’adaptation du niveau de difficulté (parfois, je me râte :)…)
    Qu’en penses tu?

    1. Sarah Carpentier says:

      Merci. Je pense que le support n’a pas tellement d’importance et qu’à partir du moment où ils peuvent même faire des prédictions par exemple à l’oral, en groupe, le cerveau est déjà plus attentif et une information qui les surprend d’autant mieux mémorisée. 🙂
      Pour ce qui est du niveau de difficulté par contre, c’est très compliqué de jauger au mieux et d’adapter selon chaque élève. Il faut que ce soit à la fois suffisamment compliqué pour challenger le cerveau mais pas inaccessible …

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