« Il manque d’attention en classe ». « Il a du mal Ă rester concentrĂ© sur ce qu’il fait ». Ătre attentif et rester concentrĂ© sont des dĂ©fis de tous les jours pour nos enfants. Pourtant, parmi les fondements cognitifs des apprentissages scolaires, lâattention est le premier pilier de lâapprentissage. Sans lâattention, les informations ne peuvent pas ĂȘtre traitĂ©es par le cerveau puisquâelles nâont pas Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es par celui-ci comme Ă©tant importantes. Parents, enseignants, les deux…, comment pouvons-nous aider nos enfants et/ou Ă©lĂšves efficacement ?
[lwptoc]
D’oĂč vient le manque d’attention ?
Attention, il ne s’agit pas ici de parler de dĂ©ficit, de troubles de l’apprentissage sĂ©vĂšres dĂ» Ă un TDAH par exemple et qui a fait l’objet d’un diagnostic posĂ© par un professionnel mais bien du manque d’attention dont souffrent en gĂ©nĂ©ral tous les enfants Ă un moment donnĂ© ou l’autre de leur cursus scolaire sans pour autant qu’il y aie besoin de mĂ©dicaments …
Il est d’ailleurs Ă noter que nous avons de plus en plus recours aux mĂ©dicaments dĂšs qu’un problĂšme d’attention surgit alors qu’il est rarement nĂ©cessaire d’en prescrire. Les enfants ont besoin de bouger et d’expĂ©rimenter pour dĂ©velopper leurs capacitĂ©s intellectuelles, c’est un fait scientifique, le tout est qu’une fois devant l’information Ă traiter et mĂ©moriser, il puisse se concentrer. Un problĂšme d’attention rĂ©pĂ©titif entraĂźne irrĂ©mĂ©diablement le dĂ©but des difficultĂ©s d’apprentissage pouvant accompagner votre enfant jusqu’Ă l’Ăąge adulte. Le but de cet article est de vous montrer comment aider votre enfant en utilisant ses propres ressources dont la plus importante: son cerveau !
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Le manque d’attention dĂ» Ă une perturbation des rĂ©seaux neuronaux dit « par dĂ©faut »
Les rĂ©seaux neuronaux de lâattention sont perturbĂ©s par les rĂ©seaux neuronaux dit « par dĂ©faut » : Il est difficile pour un enfant, un adolescent autant que pour un adulte dâĂȘtre attentif et surtout de rester concentrĂ© plus de quelques minutes sur une tĂąche, sur une leçon. Le cerveau est en effet constamment sollicitĂ© par des rĂ©seaux neuronaux dit « par dĂ©faut » (souvenirs, pensĂ©es intimes, imagination, âŠ) qui prĂ©valent sur les autres rĂ©seaux notamment sur ceux de lâattention (Mitra A1, 2018).
Le manque d’attention dĂ» aux stimuli externes parasites
Les rĂ©seaux neuronaux de lâattention sont Ă©galement perturbĂ©s par les stimuli externes parasites : Enfants, adolescents, Ă©tudiants, parents, nous Ă©voluons dans un environnement oĂč les sollicitations externes (tĂ©lĂ©phone, internet, open space, camarades de classe, multitĂąches, âŠ) viennent sâajouter Ă cette activation intempestive des rĂ©seaux neuronaux par dĂ©faut.
Lâactivation du rĂ©seau de lâattention devient une vraie gageure.
Comment dĂšs lors lutter contre ce manque d’attention et rester concentrĂ© ?
Comment aider votre enfant, votre Ă©lĂšve Ă focaliser son attention, Ă orienter son cerveau vers la recherche et lâenregistrement dâinformations utiles Ă lâapprentissage dâune leçon par exemple et Ă ensuite rester concentrĂ© sur la tĂąche ?
Les neuroscientifiques distinguent au moins trois niveaux/types de systĂšmes de lâattention :
- Le systĂšme dâalerte,
- le systĂšme dâorientation
- le contrÎle exécutif.
Que de bonnes nouvelles ! :
- Comme les autres systĂšmes neuronaux, le systĂšme de lâattention, en tout cas le systĂšme de lâattention dit « exĂ©cutif » est « plastique ». Autrement dit, nous pouvons apprendre Ă devenir plus attentif et Ă rester plus facilement concentrĂ© sur une tĂąche en cours ou sur une information donnĂ©e.
- Et mĂȘme pour les autres systĂšmes dâattention, respectivement le systĂšme dâalerte et le systĂšme dâorientation, qui sont des rĂ©actions automatiques du cerveau sur lequel nous avons peu ou pas de pouvoir, certaines choses peuvent ĂȘtre mises en place pour rentabiliser ces rĂ©actions automatiques !
Donc, en bref, il y a des choses Ă faire ! un Ă©lĂšve distrait peut changer si un certain nombre dâoutils sont exploitĂ©s !
Le systĂšme attentionnel dâalerte et ses possibilitĂ©s – QUAND faire attention
Le systĂšme dâALERTEÂ tout dâabord.
A certains moments notre cerveau a besoin dâĂȘtre plus attentif quâĂ dâautres, il dĂ©cide QUAND faire attention.
Câest un moment particulier, Ă©mouvant et/ou excitant par exemple, pendant lequel le cerveau est en condition dâapprentissage maximal. Il va ainsi moduler sa propre vigilance.
Câest le systĂšme dâattention dâalerte qui est privilĂ©giĂ© quand nos enfants jouent aux jeux vidĂ©o par exemple. Les neuroscientifiques eux aussi parfois conseillent les designer de jeux vidĂ©os d’ailleurs car ils savent comment « capter l’attention » des joueurs mieux que quiconque … comme on vous l’explique ici.
https://des-outils-pour-apprendre.com/gerer-le-temps-decran/
DĂ©jĂ de ce systĂšme attentionnel, tout automatique quâil soit, cĂ d non modulable de façon consciente, nous pouvons tirer des bĂ©nĂ©fices !
Un groupe de chercheur a dĂ©montrĂ© que pour un enfant, jouer par plaisir ou mĂȘme par obligation aux jeux vidĂ©o (cela existe vraiment des enfants qui doivent jouer par obligation ?), augmentait sensiblement les capacitĂ©s dâattention et de perception rapide (Cardoso-Leite P1, 2014). Plus prĂ©cisĂ©ment, les joueurs de jeux vidĂ©o ont des rĂ©sultats meilleurs en ce qui concerne lâacuitĂ© visuelle, le changement rapide de tĂąche, la prise de dĂ©cision rapide, lâattention soutenue et le contrĂŽle exĂ©cutif dont nous reparlerons plus loin dans cet article.
Ces effets sont déjà observés aprÚs un « entraßnement » aux jeux vidéo de 2, 15, 30 min voir 1h/jour et ce pendant quelques jours.
Faut-il dÚs lors jouer aux jeux vidéos ?
Ăvidemment, si lâutilisation de jeux vidĂ©o peut sâaccompagner de certains effets bĂ©nĂ©fiques, quelques rĂ©serves sont Ă noter :
- Tout dâabord les joueurs de jeux vidĂ©o dĂ©passent bien souvent le temps maximal journalier tel que recommandĂ© avec tous les problĂšmes que peut causer cette utilisation excessive qui devient dĂšs lors une addiction. L’effet nĂ©faste de la durĂ©e d’exposition moyenne des enfants/adolescents aux Ă©crans n’est d’ailleurs plus Ă dĂ©montrĂ©.
- Dâautre part, Ă©tonnement, ce sont les jeux vidĂ©o violents qui montrent un bĂ©nĂ©fice plus important sur lâattention, alors que ce sont ceux-lĂ mĂȘmes qui sont dĂ©criĂ©s par les pĂ©dopsychiatres en rĂ©fĂ©rence Ă leurs effets nĂ©fastes sur la personnalitĂ©, la perception de la rĂ©alitĂ© etc. Au contraire des jeux de contrĂŽle tel que Tetris, qui demandent une attention soutenue sans pour autant ĂȘtre violents, mais qui ne montrent pas de rĂ©sultats aussi impressionnants. Une explication possible Ă ce paradoxe serait que la violence induit des Ă©motions fortes chez le joueur, Ă©motions qui vont favoriser le systĂšme attentionnel dâalerte.
Contrer le manque d’attention en tirant parti des jeux vidĂ©os …SANS jouer aux jeux vidĂ©os ?!
Une des techniques dites « dâhameçonnage pĂ©dagogique » qui sera vue plus loin consiste prĂ©cisĂ©ment Ă capturer lâattention de lâapprenant en amenant une Ă©motion, ici positive (rire, joie, Ă©merveillement, âŠ) chez ce dernier car on sait que les informations portant une charge Ă©motionnelle sont traitĂ©es en prioritĂ© par le cerveau. Amenez celui qui apprend Ă expĂ©rimenter le plus frĂ©quemment possible des Ă©motions positives et stimulantes renforce donc le rĂ©seau de lâattention au dĂ©triment des rĂ©seaux par dĂ©faut et des distractions externesâŠ
Le systĂšme attentionnel dâorientation et comment en tirer parti – A QUOI faire attention
Testez votre propre manque d’attention …
Petit exercice: compter le nombre de fois que les joueurs habillés en blanc se font une passe: 5 fois, 7 fois ou 10 fois ?
Vous avez trouvé ?
Avez-vous vu le gorille dans la piĂšce ? Non ? Regardez-y de plus prĂšs …
Le systĂšme d’orientation gĂ©nĂšre un manque d’attention pour certains Ă©lĂ©ments…
Le systĂšme dâORIENTATION est celui pendant lequel le cerveau est attentif Ă un objet car il sâoriente vers lui. Il devient alors « impermĂ©able » aux autres changements tout autour de lâobjet. Le cerveau dĂ©cide alors A QUOI faire attention, quels sont les informations les plus pertinentes et devient aveugle aux autres informations prĂ©sentes dans lâenvironnement. Câest ainsi que dans le test dâattention sĂ©lective ci-dessus, que vous connaissez dĂ©jĂ peut-ĂȘtre, lâattention du spectateur est orientĂ©e vers les joueurs de basket Ă ce point quâils ne voient pas le gorille qui traverse le terrain de jeu (Simons DJ, 1999).
Nous avons parfois lâillusion que nous sommes attentifs alors qu’en rĂ©alitĂ©, nous sommes aveugles Ă certaines informations que notre cerveau ne considĂšre pas comme Ă©tant pertinentes Ă ce moment lĂ du moins.
Nous sommes fermement persuadĂ©s (aprĂšs avoir visionnĂ© pour la premiĂšre fois la vidĂ©o des joueurs de basket) que sâil y avait eu un gorille, nous lâaurions vu ! Nous surestimons nos capacitĂ©s attentionnelles et de la mĂȘme maniĂšre nous surestimons aussi les capacitĂ©s attentionnelles de nos enfants.
Nous ne pouvons pas croire que nos enfants, sagement assis sur les bancs de lâĂ©cole, sont devant lâinformation inscrite au tableau mais quâils ne la voient pas. Ceci est dâautant plus vrai que, contrairement Ă nous, ils font face Ă des apprentissages complĂštement neufs et quâils ne se sont pas encore entraĂźnĂ©s Ă ĂȘtre attentif.
Un autre exercice, plus compliquĂ© cette fois …
Découvrirez-vous qui a tué Lord Smith ? Soyez attentif !
Alors, avez-vous trouvé le coupable ?
Visionner une deuxiĂšme fois cette courte video. Avez-vous observĂ© des changements sur le lieux du crime depuis le dĂ©but de l’interrogatoire ?
Dans ce cas-ci aussi, votre cerveau vous a jouĂ© un vilain tour …
Combattre le manque d’attention grĂące aux signaux sociaux ostensibles et la participation active
Nous pouvons rediriger le systĂšme d’orientation du cerveau de l’enfant par quelques actions simples et ainsi faciliter son apprentissage:
- Chercher le contact visuel, verbal, gestuel.
- Favoriser la participation active de lâĂ©lĂšve.
A vos notes ! Professeurs, parents, les deux, ce n’est pas le moment de manquer d’attention …
LâĂ©lĂšve sera dâautant plus attentif que le parent ou lâenseignant interagit avec lui par le regard, la parole (une prosodie particuliĂšre par exemple) et/ou la gestuelle lorsquâil dĂ©livre une information. Il a Ă©tĂ© montrĂ© que lâenfant acquiert ce quâon appelle une « posture pĂ©dagogique » de façon tout Ă fait automatique et spontanĂ©e dĂšs lors quâil est en prĂ©sence de ces « signaux sociaux ostensibles « de la part de celui qui marque son « intention » de lui apprendre quelque chose.
En effet, le cerveau de lâenfant dĂ©tecte ces signaux sociaux comme Ă©tant la preuve quâĂ ce moment prĂ©cis des informations importantes (gĂ©nĂ©riques et donc gĂ©nĂ©ralisables plutĂŽt que particuliĂšres) vont lui ĂȘtre transmises (Egyed K1, 2013)
Le geste pour contrer le manque d’attention
ExpĂ©rience 1 : Dans les deux images ci-dessus, on peut voir une personne qui tend la main vers un objet, mais dans lâimage de gauche, cette personne ne pointe pas l’objet alors que dans lâimage de droite, la personne pointe lâobjet. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que lorsque lâobjet change, lâenfant aura beaucoup moins de chance dâavoir Ă©tĂ© attentif Ă ce changement (barres rouges) dans lâexpĂ©rience de gauche, cĂ d quand la personne tendait sa main vers lâobjet sans le pointer comparĂ© Ă lâexpĂ©rience de droite dans laquelle la personne le regarde tout en pointant lâobjet.
Le regard pour contrer le manque d’attention
ExpĂ©rience 2 : Une jeune femme (qui reprĂ©sente la personne qui enseigne quelque chose Ă lâenfant) regarde lâobjet sur sa droite en souriant puis lâobjet sur sa gauche en grimaçant. Ceci a pour but de renseigner lâenfant sur lâobjet quâelle prĂ©fĂšreâŠ
- Dans la premiĂšre expĂ©rience, ligne du bas, quâon appelle un « contrĂŽle » en recherche, elle ne regarde pas lâenfant hormis toute Ă la fin pour lui demander de lui donner lâobjet quâelle prĂ©fĂšre. Dans 87% des cas lâenfant va correctement choisir lâobjet et le lui donner.
- En revanche, si câest une autre personne Ă la fin de lâexercice qui demande Ă lâenfant de lui donner lâobjet prĂ©fĂ©rĂ© (ligne du milieu et du haut), les choses se compliquent car lâenfant doit gĂ©nĂ©raliser ce quâil vient dâapprendre (Ă savoir quel est lâobjet prĂ©fĂ©rĂ©) pour une personne Ă dâautres personnes. Ce qui devient trĂšs intĂ©ressant ici est de constater que les enfants ne choisissent correctement que dans 31% des cas si au dĂ©part, la jeune fille ne les a pas regardĂ©s avant de sourire ou de faire une grimace … Ce rĂ©sultat de 31% monte Ă 69 % de rĂ©ponses correctes si la jeune fille a regardĂ© lâenfant au dĂ©but du test.
Conclusion : si lâapprentissage est accompagnĂ© ne fus-ce que dâun contact visuel entre le parent/lâenseignant et lâenfant, ce dernier sera capable dâĂȘtre plus attentif car son cerveau considĂšre de façon automatique que lâinformation qui est en train d’ĂȘtre donnĂ©e est pertinente. Pourquoi pertinente ? Parce qu’elle est gĂ©nĂ©ralisable Ă dâautres personnes par exemple ! Si la jeune fille le regarde, lâenfant considĂšrera que lâobjet de façon gĂ©nĂ©rale est ou nâest pas dĂ©sirable pour lâensemble de la population alors que si elle ne le regarde pas, il considĂšrera que cette personne en particulier aime ou nâaime pas tel ou tel objet mais que cette information est particuliĂšre, spĂ©cifique Ă la personne et donc non importante.
Il est donc essentiel pour celui qui enseigne, que ce soit un professeur Ă lâĂ©cole ou un parent Ă la maison qui accompagne son enfant dans sa scolaritĂ©, dâinteragir avec lâenfant lors de lâapprentissage. Interagir par le regard, les intonations de la voix, par une gestuelle avec lâenfant.
La posture pédagogique
Il est Ă©videmment Ă©galement essentiel pour un Ă©lĂšve dâĂȘtre capable de dĂ©tecter ces signaux sociaux pour que son cerveau se mette en condition dâapprentissage, cette « posture pĂ©dagogique » dont il est question plus haut et qui va permettre Ă son cerveau dâĂȘtre attentif Ă lâinformation. Pour cela, il doit ĂȘtre suffisamment proche du professeur/du parent pour que les signaux sociaux envoyĂ©s par ce dernier prennent le pas sur toutes les autres sources de distraction : autres Ă©lĂšves en classe, les bruits, appareils Ă©lectroniques Ă la maison par exemple.
Faire participer lâenfant/lâĂ©lĂšve directement en lui posant des questions par exemple permet Ă©galement dâĂ©viter coĂ»te que coĂ»te que les rĂ©seaux neuronaux par dĂ©faut ne sâactivent aux dĂ©pens du rĂ©seau de lâattention en laissant par exemple lâenfant « passif » devant son cours. Mais mĂȘme en ne pouvant pas le faire rĂ©agir Ă lâinformation aussi souvent que nous le voudrions, les signaux sociaux lui indiquant une intention dâapprentissage sont dĂ©jĂ suffisant que pour capter son attention.
Combattre le manque d’attention grĂące Ă lâhameçonnage pĂ©dagogique et la rĂšgle des 10 minutes
Les neuroscientifiques ont dĂ©jĂ dĂ©montrĂ© depuis plusieurs annĂ©es que les cours magistraux ne sont pas adaptĂ©s Ă un apprentissage efficace. Seules les informations les plus intĂ©ressantes captent lâattention et cette attention ne peut se maintenir quâune dizaine de minutes environ.
10 minutes seulement ! eh oui …
Dans cette période de 10 minutes:
- quelques secondes uniquement pour capter lâattention,
- 1 minute pour expliquer le sujet par exemple,
- et 9 minutes pour développer.
Une autre sĂ©quence dâapprentissage de 10 minutes peut ensuite succĂ©der Ă la prĂ©cĂ©dente mais elle doit permettre en quelques secondes de capter Ă nouveau lâattention de celui qui apprend. Câest ce quâon appelle une « sĂ©quence pĂ©dagogique ».
Cette coupure infime est utile au cerveau pour deux raisons :
- tout dâabord, elle aide le cerveau Ă consolider les informations quâil vient de recevoir durant la sĂ©quence pĂ©dagogique qui a prĂ©cĂ©dĂ©.
- Ensuite, elle maintient lâattention sur une seule tĂąche, sur un seul sujet, dâautant plus facilement dâailleurs que les sĂ©quences pĂ©dagogiques qui sâalternent seront variĂ©es.
Au bout de 45-50 minutes, il faudra un vrai temps de repos au cerveau (Ă©tirements, collation, repos, âŠ).
Il est donc bien plus efficace de « fragmenter » lâapprentissage en sĂ©quences pĂ©dagogiques successives que de « balancer » un cours magistral dâune heure sans interruption.
Comment fabriquer un joli hameçon ?
Comment faire pour que le cerveau de lâapprenant « morde Ă lâhameçon » et focalise son attention au dĂ©but de chaque « sĂ©quence pĂ©dagogique » ? Plusieurs techniques dites justement « dâhameçonnage pĂ©dagogiques » existent. Elles sont bien connues des formateurs qui les alternent pour maximiser leurs chances dâattirer lâattention de leur auditoire sur les informations quâils veulent faire passer. En voici quelques-unes :
- Raconter une anecdote, une histoire vĂ©cue permet de mettre celui qui enseigne et celui qui apprend sur un pied dâĂ©galitĂ© et dâattiser la curiositĂ© de ce dernier.
- Proposer une action, un jeu, une énigme, un défi en relation avec le sujet traité.
- Amenez une Ă©motion positive (rire, joie, Ă©merveillement, âŠ) chez lâapprenant. Comme dit plus haut, les informations portant une charge Ă©motionnelle sont traitĂ©es en prioritĂ© par le cerveau. Vous vous souvenez ? il sâagit de lâattention dite « dâALERTE » dont il Ă©tait question dans lâintroduction de cet article. LâĂ©motion met le cerveau est condition maximale dâapprentissage. Câest ainsi quâun professeur passionnĂ© par ce quâil explique en classe arrivera plus facilement Ă capter lâattention de ses Ă©lĂšves en devenant lui-mĂȘme passionnant. Amenez celui qui apprend Ă expĂ©rimenter le plus frĂ©quemment possible des Ă©motions positives renforce le rĂ©seau de lâattention au dĂ©triment des rĂ©seaux par dĂ©faut et des rĂ©seaux sollicitĂ©s par dâautres tĂąches en attente.
- Apporter une solution, un Ă©claircissement de façon bienveillante : « à la fin de cette leçon, tu seras capable de âŠÂ ».
- Alterner le type de sĂ©quence pĂ©dagogique : Le professeur, le parent, peut alterner des sĂ©quences pĂ©dagogiques faisant appel tour Ă tour Ă lâintĂ©rĂȘt (en contextualisant par exemple lâinformation, en Ă©pinglant la raison de son importance dans un contexte prĂ©cis), ensuite Ă lâĂ©motion (une courte vidĂ©o, une photo, une chanson qui illustrent le sujet abordĂ©), Ă la rĂ©flexion (un dĂ©bat), Ă la consolidation des informations (un rĂ©sumĂ©, un mind-map), âŠ
- Alterner les supports pĂ©dagogiques et stimuler plusieurs sens chez celui qui apprend : Les informations qui sâinscrivent dans des activitĂ©s qui vont activer plusieurs sens sont considĂ©rĂ©es comme plus stimulantes pour le cerveau.
Combattre le manque d’attention en redonnant le plaisir d’apprendre
Quels sont les facteurs qui diminuent le plaisir dâapprendre ?
Les neurosciences ont dĂ©couvert que dans certains contextes le plaisir dâapprendre diminuait. De plus, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que cette diminution de plaisir dâapprendre allait de pair avec une diminution de la plasticitĂ© neuronale. La plasticitĂ© neuronale, câest cette facultĂ© du cerveau Ă se rĂ©organiser sans cesse pour apprendre de nouvelles informations.
Quels sont ces contextes ?
- Lâapprentissage se fait dans la crainte de lâĂ©chec, dans la recherche unique de performance ou la dans la crainte de lâautoritĂ©. Cela remet peut-ĂȘtre en perspective ce que certains dâentre vous pensaient de la pĂ©dagogie made in Asia âŠÂ đ
- Lâapprentissage se fait selon une mĂ©thode standardisĂ©e (on va se lĂącher : et « ARCHAĂQUE » â lâEcole a Ă©tĂ© pensĂ©e Ă lâĂ©poque de la rĂ©volution industrielle et nâa pas beaucoup Ă©voluĂ© depuis ⊠oui, vous ne rĂȘvez pas, on parle bien du dĂ©but du siĂšcle dernier). LâĂ©cole en ce sens ne rĂ©pond pas aux diffĂ©rences individuelles, aux diffĂ©rentes « attitudes dâapprentissage » des apprenants qui composent la population scolaire. Or tout le monde nâapprend pas pour les mĂȘmes raisons âŠ
Lâapprenant (lâenfant, lâado, lâadulte) fait face Ă un professeur peu pĂ©dagogue, qui suscite lâennui ou qui manque de crĂ©dibilitĂ© face Ă ce premier. Il faut savoir que pour certains apprenants, la personnalitĂ© et les compĂ©tences perçues du professeur sont plus importantes que le contenu du cours lui-mĂȘme ⊠Donc quand votre enfant vous dit : « jâai ratĂ© mon contrĂŽle de âŠ, oui mais je nâaime pas le professeur MachinTruc » âŠcela peut ĂȘtre une raison suffisante pour lui âŠ
8 conseils pratiques pour augmenter le plaisir dâapprendre !
Le plaisir dâapprendre peut dĂ©pendre de multiples aspects : « LâactivitĂ© physique, le calme, la gentillesse, le rire et lâempathie favorisent la plasticitĂ© neuronale »
Ici quelques conseils pratico-pratiques pour rĂ©veiller le plaisir dâapprendre âŠ
CONSEIL 1Â : Participer et explorer
Lâapprenant va dâautant mieux assimiler un savoir ou un savoir-faire quâil peut explorer son environnement et/ou expĂ©rimenter sans que le professeur, le parent, le coach âŠsoit intrusif. Attention, ne pas ĂȘtre intrusif ne veut pas dire ne pas guider un minimum l’enfant mais disons qu’il faut soi-mĂȘme pouvoir faire des erreurs et dĂ©couvrir de ses erreurs pour que son cerveau puisse enregistrer une information de façon durable.
Pour susciter cet Ă©tat participatif, on peut demander Ă lâapprenant de lui-mĂȘme rechercher une information dĂ©calĂ©e, un scoop, une surprise, âŠ
Pour illustrer le lien entre exploration et plasticitĂ© neuronale chez lâenfant, voici une courte VidĂ©o de CĂ©line Alvarez, cĂ©lĂšbre pour ses expĂ©riences pĂ©dagogiques en milieu scolaire et surtout pour les rĂ©sultats Ă©tonnants de ses recherches.
CONSEIL 2Â : Lâeffet Pygmalion
Croire en lâapprenant et en ses capacitĂ©s dâapprentissage sont plus importants que ce que vous ne pensez. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© Ă de nombreuses reprises que les professeurs Ă©mettaient des prĂ©jugĂ©s Ă lâĂ©gard de leurs apprenants (sur base du sexe, de lâĂąge, de lâorigine ethnique, âŠ) dans les premiĂšres secondes de leurs rencontres et que ces prĂ©jugĂ©s influençaient sur les rĂ©sultats scolaires de façon non-nĂ©gligeable. Peut-ĂȘtre avez-vous entendu parler de cette Ă©tude qui montrait que les professeurs de mathĂ©matiques permettait plus souvent aux garçons quâaux filles de poser des questions car ils projetaient le fantasme selon lequel les garçons Ă©taient plus douĂ©s que les filles dans cette matiĂšre rĂ©putĂ©e ardue⊠Le plus triste Ă©tant que ce prĂ©jugĂ© sexiste Ă©tait intĂ©grĂ© par les petites filles qui choisissaient dĂšs lors moins souvent des filiĂšres scientifiques âŠ(ceci nâĂ©tant pas la seule explication bien-sĂ»r âŠje ne vais pas rĂ©veillez la fĂ©ministe qui sommeille en moi ;-).
Effet Pygmalion – Rencontrer un professeur qui change la donne âïž
CONSEIL 3 : Activer le circuit de la récompense
Le circuit neuronal de la rĂ©compense associe lâapprentissage Ă une expĂ©rience plaisante et va permettre Ă lâapprenant de ne pas faiblir devant lâennui, la difficultĂ©, la fatigue.
Activer ce circuit, câest reproduire les gestes qui amĂšnent Ă lâexpĂ©rience plaisante. Renforcer ce circuit, câest trouver de nouveaux gestes qui ancrent de façon durable dans le cerveau le fait quâapprendre, câest vraiment fun !
- RĂ©compenses immĂ©diates : une pause goĂ»ter, un film, âŠaprĂšs une longue pĂ©riode de concentration (nous verrons plus tard le dĂ©coupage du temps pour un enfant/ado sous lâĂ©clairage du fonctionnement neuronal). Quelques exercices de gymnastiques ou Ă©couter une chanson aprĂšs une liste de vocabulaire correctement apprise, etc.
- RĂ©compenses Ă long-terme : quelles sont les implications pratiques et personnelles de ce qui a Ă©tĂ© appris ? Sâapproprier le contenu car il est en lien avec une expĂ©rience, une valeur, ⊠toujours selon le profil de motivation de lâapprenant.
Ceci Ă©tant dit, sachez que bien souvent l’enfant n’a pas besoin de rĂ©compenses externes pour se motiver Ă apprendre. Le simple fait d’avoir atteint un objectif (d’avoir par exemple compris une leçon) va amĂ©liorer son estime de soi, ce qui est dĂ©jĂ amplement suffisant !
CONSEIL 4Â : Apprendre en groupe
Le cerveau est un « ĂȘtre » « neuro-social ». Autrement dit, il fonctionne mieux avec dâautres cerveaux en Ă©bullition Ă cĂŽtĂ© de luiâŠÂ Le fonctionnement des neurones miroirs montre que face Ă quelquâun que nous apprĂ©cions et dont nous apprenons quelque chose, la mĂȘme zone de notre cerveau va sâactiver spontanĂ©ment. Si cela vous intĂ©resse, taper « singe » et « Rizzolatti » dans Google ⊠je vous promets, câest fascinant. Apprendre en groupe peut donc ĂȘtre une bonne idĂ©e pour susciter le plaisir et la mĂ©morisation.
Apprendre en groupe permet aussi restituer la matiĂšre en lâexpliquant Ă quelquâun dâautre et donc de la structurer parfois diffĂ©remment ⊠et encore, de prendre conscience de son propre apprentissage ce qui donne confiance en soi !
CONSEIL 5Â : Un cadre de fĂȘte
Qui a dit quâapprendre devait se faire dans une chambre austĂšre ? Bien que lâattention ne doit pas ĂȘtre dissipĂ©e par une multitude dâobjets, dâillustrations, ⊠ok le dĂ©sordre quoi, le chaos mĂȘme ⊠(#mĂšre maniaque du rangement), il est inutile de vouloir exagĂ©rer dans lâautre sens. Des objets en lien avec le contenu de la matiĂšre Ă apprendre peuvent capter lâattention des enfants qui ont le plus besoin de bouger par exemple.
CONSEIL 6Â : Musique Maestro
Lâeffet bĂ©nĂ©fique de la musique sur la plasticitĂ© neuronale a Ă©galement Ă©tĂ© Ă©tabli. Il peut sâagir simplement « dâentractes » musicaux entre des moments dâapprentissage, de « chorĂ©graphies » de dĂ©lassement et de rĂ©compense âŠĂ la fin dâun chapitre quâon a correctement assimilĂ©.
CONSEIL 7Â : Le produit fini
RĂ©aliser un produit correspondant Ă lâapprentissage peut constituer une immense source de satisfaction pour lâapprenant. Cela peut ĂȘtre un objet, un visuel de Mind-Mapping, un scĂ©nario, un dessin, idĂ©alement quelque chose qui perdure dans le temps et sur lequel lâapprenant pourra projeter son apprentissage.
CONSEIL 8Â : Le jeu
Last but not least, apprendre en jouant. Les plus sceptiques dâentre vous trouverons que le jeu ne donne pas un cadre sĂ»r Ă lâapprentissage mais le jeu nâest pas lâobjectif en soi, il nâest que le moyen au service de lâobjectif pĂ©dagogique recherchĂ©.
Comment choisir son jeu ? Il dĂ©pend essentiellement du savoir ou savoir-faire qui doit ĂȘtre assimilĂ© par lâapprenant ainsi que du mĂ©canisme quâon pense ĂȘtre le mieux adaptĂ© Ă lâapprentissage : mĂ©morisation, observation, jeux de rĂŽle (mise en situation selon un scĂ©nario préétabli), ⊠mais un tas de jeux existants peuvent facilement ĂȘtre dĂ©rivĂ©s pour servir lâobjectif pĂ©dagogique.
Fig. rĂ©capitulative art. « 8 conseils pratiques pour susciter le plaisir d’apprendre ».
Les jeux numĂ©riques peuvent ĂȘtre intĂ©ressants bien quâils ne conviennent pas Ă tous les profils dâapprentissage, notamment pas Ă ceux pour qui la personnalitĂ© et les compĂ©tences du formateur sont importantes et qui ont besoin dâun suivi en prĂ©sentiel. Pour les autres, les enseignants du « CafĂ© PĂ©dagogique » ont recensĂ© une multitude de jeux numĂ©riques par discipline. Je vous invite Ă aller y jeter un coup dâĆil
En conclusion, rendre un apprentissage « plaisant » est donc possible pour tout type de matiĂšre car ce qui compte, ce nâest pas le contenu mais la maniĂšre de lâaborder.
Le cerveau est monotĂąche
Comme déjà mentionné plus haut notre cerveau traite les informations de façon séquentielle et non pas simultanée.
Eh oui, dĂ©solĂ©e Ă tous celles et ceux qui se plaisent Ă dire quâils sont « multitĂąches » !
Notre cerveau fonctionne en effet comme un goulot dâĂ©tranglement qui va laisser passer une information et « fermer » ou du moins ralentir fortement le passage Ă une autre information qui arrive simultanĂ©ment et qui nous devient quasi-invisible (Pashler, 1994, p. fig.ci dessous).
Cette sĂ©lection est essentielle pour que le cerveau ne sature pas avec toutes les informations qui lui parviennent et quâil puisse diriger ces informations vers certaines zones du cerveau et prendre des dĂ©cisions, par exemple une rĂ©ponse motrice Ă une information reçue.
Si vous trouvez la vue splendide mais qu’un serpent vous fonce droit dessus, vous voudrez sans doute d’abord gĂ©rer le serpent et ensuite admirer la vue đ
Pour ces raisons, il faut veiller :
- A ce que lâapprentissage soit captivant, attrayant pour lâenfant afin que celui-ci y soit attentif mais pas au point de distraire lâenfant de lâinformation quâil doit enregistrer, ni de la tĂąche quâil doit accomplir !
- Il faut Ă©galement veiller Ă ce que lâenfant ne soit pas confrontĂ© Ă plusieurs informations ou tĂąches Ă traiter simultanĂ©ment car il perdrait une partie de lâinformation. Or malheureusement, et souvent sans sâen rendre compte, les professeurs demandent aux Ă©lĂšves de faire deux choses en mĂȘme temps. Les Ă©lĂšves nâont pas eu le temps de routiniser une tĂąche quâon leurs demandent dĂ©jĂ dâen effectuer une autre ⊠Cela est dâautant plus vrai pour les enfants dys- qui nâont, par exemple, pas encore routiniser le processus de lâĂ©criture mais Ă qui on demande dĂ©jĂ de trouver la solution Ă un problĂšme Ă©crit…
Le manque d’attention causĂ© par lâenvironnement de travail
Le cerveau nâest donc pas capable de traiter plusieurs tĂąches Ă la fois contrairement Ă certaines croyances. Il passe plutĂŽt dâune tĂąche Ă une autre de façon sĂ©quentielle (Kriegeskorte N1, 2018).
Sâil est vraiment attentif, lâenfant, lâĂ©lĂšve va se focaliser sur la tĂąche choisie et son cerveau va tendre Ă devenir « impermĂ©able » aux sollicitations externes. Pour cette raison, un environnement dâapprentissage oĂč celui qui apprend est frĂ©quemment sollicitĂ© par des stimuli parasites (musique, Gsm, conversation, mails pop-up, âŠ) constitue un frein Ă la productivitĂ© du cerveau qui doit constamment « choisir » entre plusieurs stimuli en compĂ©tition. De plus une tĂąche interrompue par ces stimuli parasites prend plus de temps Ă ĂȘtre exĂ©cutĂ©e (Mitra A1, 2018).
Il est donc essentiel de fournir un cadre dâapprentissage le plus adaptĂ© possible au mode de fonctionnement du cerveau en limitant le plus possible les sources de distraction. Si ce nâest pas possible Ă lâĂ©cole car vous nâavez pas ou peu de pouvoir sur la façon dont la classe est gĂ©rĂ©e par lâenseignant, vous avez du moins le pouvoir dâamĂ©liorer lâenvironnement de travail Ă la maison, notamment au moment des devoirs. Consultez cet article qui contient un chapitre dĂ©taillĂ© concernant l’espace de travail idĂ©al.
Le systĂšme du contrĂŽle exĂ©cutif ou COMMENT traiter l’information.
Le systĂšme du CONTRĂLE EXECUTIFÂ est celui qui permet de choisir COMMENT nous allons traiter lâinformation.
Il sâagit de la concentration sur une information Ă la fois, sur une information que nous allons sĂ©lectionnĂ©e puis sur la chaĂźne de traitement de cette information pour rĂ©soudre une tĂąche par exemple.
Cette chaĂźne de traitement comprend plusieurs processus dont:
- la sélection,
- la planification,
- lâinitiation,
- la supervision de tous nos comportements volontaires etc.
Sans rentrer dans les dĂ©tails, ce qui nous intĂ©resse ici est essentiellement que ce systĂšme est « plastique », autrement dit flexible et quâil peut donc ĂȘtre amĂ©liorĂ© par la mise en pratique dâoutils pour apprendre Ă mieux apprendre, pour apprendre Ă mieux « faire attention ». Nous pouvons en effet par exemple dĂ©cider des informations que nous allons traiter versus celles dont nous allons empĂȘcher le traitement. Nous pouvons donc concentrer nos efforts de façon consciente pour amĂ©liorer ce systĂšme attentionnel et ses processus.
Câest un type dâattention qui se dĂ©veloppe avec les annĂ©es de pratique chez lâenfant. Il apprend Ă se contrĂŽler, cĂ d Ă renforcer les stratĂ©gies appropriĂ©es qui lui permettent dâĂȘtre attentif alors que dâautre part il va tenter dâinhiber les stratĂ©gies inappropriĂ©es qui font du tord Ă sa capacitĂ© dâattention.
Lisez cet article ! Vous allez ĂȘtre Ă©tonnĂ© de tout ce que vous pouvez faire pour aider votre enfant Ă dĂ©velopper ses capacitĂ©s exĂ©cutives et Ă quel point cela aura une importance sur sa rĂ©ussite future ! Cela a Ă©tĂ© longuement Ă©tudiĂ© par les neurosciences et le lien causal est CERTAIN.
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LâentraĂźnement du contrĂŽle exĂ©cutif
Comme mentionnĂ© plus haut, le contrĂŽle exĂ©cutif chez lâenfant va lui permettre de sĂ©lectionner une stratĂ©gie appropriĂ©e lui permettant de rester attentif et de rĂ©soudre un problĂšme. Il va devoir pour cela inhiber les stratĂ©gies inappropriĂ©es. Ce qui est absolument surprenant et magnifique est quâil est possible dâentraĂźner lâenfant Ă amĂ©liorer son contrĂŽle exĂ©cutif et par lĂ Ă rĂ©sister par exemple Ă une distraction pour rester attentif.
Cogmed Ă la rescousse des enfants prĂ©sentant un trouble de l’attention
Un exemple dâexpĂ©rience qui a permet de mettre en avant cette possibilitĂ© dâentraĂźner le cerveau Ă devenir attentif et Ă rester concentrĂ© est la suivante (Klingberg T, 2005):

Un logiciel pour lutter contre le manque d’attention
Un logiciel dâentraĂźnement nommĂ© « CogMed » a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© pour entraĂźner la mĂ©moire de travail, Ă©troitement liĂ©e Ă lâattention, dâun Ă©chantillon de 53 enfants de 7 Ă 12 ans qui prĂ©sentent un trouble de lâattention.
Ils doivent reproduire des sĂ©quences de chiffres sur un clavier numĂ©rique. Cependant lâun des groupes fait face Ă des exercices de plus en plus difficiles alors que lâautre groupe exĂ©cute des exercices dâun niveau de difficultĂ© constant. Lâensemble de lâexpĂ©rience est rĂ©alisĂ© en double aveugle, cĂ d que ni les participants ni ceux qui vont examiner les rĂ©sultats ne savent Ă quel groupe lâenfant considĂ©rĂ© appartient, ceci pour Ă©viter tout biais subjectif.
A la fin de lâexpĂ©rience, on mesure les capacitĂ©s des enfants dans plusieurs domaines qui nâont mĂȘme pas Ă©tĂ© entraĂźnĂ©s mĂȘme sâils sont connexes, Ă savoir notamment leur mĂ©moire spatiale et leur mĂ©moire des chiffres. On remarque que les enfants du groupe pour lequel les exercices Ă©taient de plus en plus difficile ont des rĂ©sultats meilleurs que ceux dont le contrĂŽle exĂ©cutif nâa pas Ă©tĂ© entraĂźnĂ©.
Les autres rĂ©sultats de cette recherche indiquent Ă©galement que ces effets perdurent dans le temps, quâils sont au moins aussi bons que pour des groupes dâenfant sous mĂ©dication Ă la RelatineÂź (et testĂ©s de la mĂȘme maniĂšre), que les rĂ©sultats au test de Raven par exemple (un test dâintelligence Ă choix multiple) sont amĂ©liorĂ©s et enfin que les parents ont observĂ©s chez les enfants entrainĂ©s une diminution de lâinattention.
Le choix de certaines activitĂ©s extrascolaires pour renforcer le contrĂŽle cognitif chez l’enfant
Sans faire forcĂ©ment appel Ă ce type de logiciel pour « entraĂźner » nos enfants Ă devenir plus attentifs, et bien que leur commercialisation a Ă©tĂ© amorcĂ©e vu les effets bĂ©nĂ©fiques dĂ©montrĂ©s (notamment pour des enfants souffrant dâun trouble de lâattention), il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que plusieurs activitĂ©s ludiques plus « classiques » pouvaient sensiblement amĂ©liorer la capacitĂ© dâun enfant Ă rester attentif (Takacs ZK1, 2019) (Diamond A, 2011).
Il a Ă©tĂ© Ă©galement dĂ©montrĂ© que ce sont les enfants dĂ©favorisĂ©s qui en bĂ©nĂ©ficient le plus, ce qui tend Ă diminuer les inĂ©galitĂ©s entre les Ă©lites et les milieux socio-Ă©conomiques dĂ©favorisĂ©s. Le rapport PISA 2012 pointait que la France Ă©tait, Ă cet Ă©gard, un des pays les plus inĂ©galitaires des pays de lâOCDE (rapport PISA 2012 France).
Parmi ces activitĂ©s, on retrouve lâapprentissage dâun instrument de musique, lâapprentissage de la mĂ©ditation (Tang YY, 2007), lâentraĂźnement sensoriel et moteur de type MontessoriâŠ
Plus prĂ©cisĂ©ment en ce qui concerne lâapprentissage dâun instrument de musique, beaucoup de recherches expĂ©rimentales ont montrĂ© que celui-ci amĂ©liorait les scores aux tests dâintelligence, de mĂ©moire, de vocabulaire, dâaptitudes numĂ©riques et de raisonnement (Schellenberg, 2004).
Des informations qui font sens
Enfin, dernier Ă©lĂ©ment: le cerveau aura dâautant plus de facilitĂ© Ă reconnaĂźtre une information comme Ă©tant pertinente quâil pourra la lier avec dâautres informations dĂ©jĂ enregistrĂ©es et traitĂ©es.
De ce fait quelques rĂšgles Ă se rappeler quand on veut apprendre quelque chose Ă un enfant et capter son attention :
- Les concepts importants avant les dĂ©tails: Le cerveau est dâavantage rĂ©ceptif aux concepts quâaux dĂ©tails et est dâautant plus engagĂ© que lâinformation « fait sens » pour lui. Contextualiser lâinformation pour mettre en avant son intĂ©rĂȘt dans sa globalitĂ© est donc plus important dans un premier temps pour capter lâattention de lâenfant ou de lâĂ©lĂšve que de dĂ©velopper lâinformation de façon plus dĂ©taillĂ©e, ce qui sera plutĂŽt utile Ă la seconde Ă©tape Ă savoir la mĂ©morisation de cette information.
- La cohĂ©rence des idĂ©es: De mĂȘme, prĂ©senter le sujet avec un fil conducteur qui relie les informations de façon cohĂ©rente et qui situe lâavancĂ©e de celui qui apprend va aider ce dernier Ă consolider les informations quâil reçoit et motiver son attention. Ce fil conducteur peut par exemple mettre en avant les bases, les objectifs, et une conclusion facilement mĂ©morisable (cĂ d succincte, comprĂ©hensible, sans nouveau dĂ©veloppement).
- Le lien avec les connaissances anciennes: Faire appel aux informations dĂ©jĂ mĂ©morisĂ©es, reliant les nouvelles informations Ă quelque chose de connu, que lâenfant/lâĂ©lĂšve a dĂ©jĂ Ă©tudiĂ©, expĂ©rimentĂ©, âŠfaire des liens entre connaissances anciennes et nouvelles le rassure et motive son attention.
Lutter contre le manque d’attention – En rĂ©sumĂ©
Les facteurs qui influent sur les capacitĂ©s d’attention dâun enfant sont multiples, vous avez un rĂ©sumĂ© des outils prĂ©sentĂ©s ici dans la figure ci-dessous.
De plus, si une intervention limitĂ©e peut avoir dĂ©jĂ Ă©normĂ©ment dâeffets alors imaginez-vous toutes ces interventions appliquĂ©es de façon combinĂ©es !!!
Enseignant
Je conclurai en disant que bien sĂ»r les enseignants ont un rĂŽle clef dans le fait de favoriser lâattention de leurs Ă©lĂšves, aprĂšs tout, câest en classe que lâĂ©lĂšve passe la majeure partie de son temps. Ils doivent en tout cas ne pas surestimer les capacitĂ©s dâattention des Ă©lĂšves qui sont par nature limitĂ©es.
Parent
Les parents ont cependant Ă©galement un rĂŽle Ă jouer car ils sont dans lâenvironnement social de lâenfant ceux qui vont le plus interagir avec eux et ils sont ceux qui vont interagir le plus prĂ©cocement avec eux. Vous et votre enfant n’ĂȘtes pas dĂ©munis face aux capacitĂ©s dâattention. Vous pouvez aider votre enfant Ă amĂ©liorer ses capacitĂ©s dâattention via lâensemble des outils prĂ©sentĂ©s dans cet article et dâautres qui nâont pas Ă©tĂ© citĂ©s ici sans doute.
Le manque d’attention n’est pas une fatalitĂ© !
Enfant/adolescent
Enfin, pour aller plus loin, les enfants eux-mĂȘmes doivent ĂȘtre acteurs dans leur besoin dâapprendre Ă apprendre mieux.
A ce titre, dire Ă son enfant « soit attentif » ne veut presque rien dire pour lui (ni vraiment pour nous non plus peut-ĂȘtre). Il comprendra sans doute quâil doit Ă©couter le professeur ou vous Ă©couter lui expliquer sa leçon, quâil ne doit pas parler, se tenir droit ⊠bref pas grand-chose si ce nâest des comportements basiques, de plus potentiellement nĂ©fastes Ă son apprentissage dâailleurs (puisque nous savons depuis peu Ă quel point lâapprentissage a besoin dâinteractions et de mouvements par exemple).
Il est plus intĂ©ressant dâexpliquer Ă celui qui apprend ce qui sous-tend les mĂ©canismes de lâattention et pourquoi, par exemple, il serait prĂ©fĂ©rable de dĂ©cider ensemble dâun autre environnement de travail, pourquoi il doit dâabord avoir une vue globale de ce quâil doit apprendre avant de se focaliser sur les dĂ©tails, pourquoi il est important quâil se place Ă proximitĂ© du professeur, etc. MĂȘme en classe de maternelle il est possible dâexpliquer aux enfants lâimportance de certains exercices dâauto-rĂ©gulation et de les engager dans ce processus dâapprentissage du mieux apprendre (Diamond A1, 2007). Les effets de cet apprentissage chez les plus jeunes perdurent tout au long de leur scolaritĂ©, leurs permettent lâacquisition de compĂ©tences nouvelles et rĂ©duisent leur anxiĂ©tĂ© (Blair C, 2014). Si vous voulez en savoir plus sur le sujet et le type dâexercices dĂ©veloppĂ©s pour favoriser lâattention en maternelle, rĂ©fĂ©rez-vous au livre Tools of the Mind : The Vygotskian Approach to Early Childhood Education dâElena Bodrova et Deborah J. Leong que je rĂ©sumerai dans un prochain article sur le blog des outils pour apprendre.com
Manque d’attention-Travaux citĂ©s
Blair C, R. C. (2014). Closing the achievement gap through modification of neurocognitive and neuroendocrine function: results from a cluster randomized controlled trial of an innovative approach to the education of children in kindergarten. Plos One, 9(11):e112393.
Cardoso-Leite P1, B. D. (2014). Video game play, attention, and learning: how to shape the development of attention and influence learning? Curr Opin Neurol., 185-91.
Diamond A, L. K. (2011). Interventions shown to aid executive function development in children 4 to 12 years old. Science, 959-964.
Diamond A1, B. W. (2007). Preschool program improves cognitive control. Science, 1387-88.
Egyed K1, K. I. (2013). Communicating shared knowledge in infancy. Psychol Science, 1348-53.
Klingberg T, F. E. (2005). Computerized training of working memory in children with ADHD–a randomized, controlled trial. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry., 177-86.
Kriegeskorte N1, D. P. (2018, Sept 21). Cognitive computational neuroscience. Nat Neurosci, pp. 1148-1160.
Mitra A1, R. M. (2018, Feb). Principles of cross-network communication in human resting state fMRI. Scand J Psychol., pp. 59(1):83-90.
Pashler. (1994). Graded capacity-sharing in dual-task interference ? J Exp Psychol Hum Percept Perform, 330-42.
Schellenberg. (2004). Music lessons enhance IQ. Psychol. Sc., 511-4.
Simons DJ, C. C. (1999). Gorillas in our midst: sustained inattentional blindness for dynamic events. Perception, pp. 28(9):1059-74.
Takacs ZK1, K. R. (2019). The efficacy of different interventions to foster children’s executive function skills: A series of meta-analyses. Psycho Bull.
Tang YY, P. N. (2007). Short-term meditation training improves attention and self-regulation. PNAS, 17152-56.
Des Outils Pour Apprendre – Manque d’attention, comment lutter ?
Wahou ! Quel article ! Merci infiniment pour ce partage hyper enrichissant !!!
Ma fille de 6 ans comprend et intĂšgre les choses trĂšs trĂšs rapidement. NĂ©anmoins, elle rencontre souvent des problĂšmes d’attention. Elle se dĂ©concentre rapidement, et veut faire les choses trĂšs vite !
Depuis qu’elle s’est mise au dessin et Ă l’escalade, nous avons remarquĂ© qu’elle arrive Ă se concentrer sur des pĂ©riodes de plus en plus longues.
Je vous rejoins donc parfaitement quand vous dites qu’il faut bien choisir les activitĂ©s en consĂ©quences !
Grùce à cet article, je serai encore plus vigilente aux chasses au trésor et aux activités manuelles que je partage sur mon blog. Afin de favoriser des animations qui permettent aux enfants de maitriser davantage leur attention !
Merci !!
Caroline
https://happykidsafari.com
Bravo merci pour ce bel article. Vivement le prochain