C’était mieux avant ? Non, ce n’était pas mieux avant, c’était juste différent. Non les élèves d’hier n’étaient pas plus brillants ni le contexte d’alors plus exigeant. Les pratiques étaient différentes, tout comme l’étaient les exigences…
Il n’est pas rare de voir passer des post sur Facebook par exemple qui vantent l’intelligence, la discipline, la finesse des élèves d’autre fois comparée à ceux d’aujourd’hui. Tout comme nous avons l’habitude de penser qu’avant, c’était mieux, que les gens étaient plus heureux, que le monde tournait plus rond qu’aujourd’hui.
C’était mieux avant …L’impression et les faits
Pourtant, faisons quelques recherches dans le passé et prenons le cas particulier de l’école…
Respect des consignes
Que reprochons-nous à nos enfants par exemple ? Ah oui … le respect des consignes est un souci qui revient fréquemment …
– Si on remonte aux années 50, lorsque les pratiques des enseignants ont commencé à faire l’objet de recherches, on se rend compte que les tous premiers « cahiers pédagogiques » mentionnent déjà le fait qu’il est difficile pour l’élève de comprendre l’énoncé » et que souvent il se rue sur l’exercice sans avoir compris ce qui est demandé … Rien de neuf sous le soleil donc … hum hum
– De plus, il faut se rappeler qu’à cette époque-là les consignes étaient relues et explicitées de façon importante à l’oral, ce n’est que plus tard que les évaluations plus larges avec consignes écrites sont apparues.
– Enfin, il ne faut pas oublier non plus qu’à cette époque, les exercices consistaient bien souvent à refaire ce qui venait d’être fait en classe. Une application simple de la matière en somme sans faire forcément appel à toutes les compétences transversales (synthèse, lien entre différents chapitres, hypothèse, …) qui sont demandées de nos jours !
Se pourrait-il dès lors que les élèves d’hier n’aient pas été forcément plus doués que ceux d’aujourd’hui ? C’est peut-être une exception …
Prenons un autre sujet de préoccupation des parents et des enseignants …
L’écriture
Ah combien de fois, n’ai-je pas vu les commentaires de bon nombre de parents et enseignants qui tombaient en pâmoison sur l’écriture d’un élève d’il y a 50 ans et se lamentaient de l’écriture des enfants d’aujourd’hui.
Pourtant …
Sans compter sur le fait que tous les enfants n’écrivaient sans doute pas aussi bien déjà à l’époque, il faut également se souvenir qu’à l’époque la calligraphie était une matière importante à laquelle on consacrait du temps …
Aujourd’hui votre enfant doit non seulement apprendre à lire, écrire et calculer mais il a aussi des matières scientifiques, des langues, de l’informatique, du sport, de l’art …
Il n’est plus question de passer des heures et des heures à recopier des lettres dans un cahier d’écriture comme nos grands-parents. Aujourd’hui, dès que l’écriture est maitrisée, on passe à la résolution de problèmes, à la rédaction de textes, …
Il n’est donc pas dit que les enfants d’hier s’en sortaient mieux que les enfants d’aujourd’hui ni que le QI est en perdition …mais ce second point fera l’objet d’un autre article.
Alors ?
Pourquoi ce sentiment que tout était mieux avant est-il tellement ancré en nous ?
Eh bien pour comprendre ce sentiment, qu’on appelle aussi « passéisme » et qui est aussi vieux que l’est l’humanité, il faut comprendre le fonctionnement de notre cerveau et les tours qu’il nous joue parfois et qu’on appelle, eux, les « biais cognitifs ».
C’était mieux avant – Le biais de « négativité »
Notre cerveau a tendance à ne retenir du passé que les éléments positifs alors qu’il ne retient du présent que les éléments négatifs.
Les médias vous plongent chaque soir dans un bain de nouvelles informations bien souvent pessimistes ou d’évènements spectaculaires tant ils sont effroyables.
Vous vous dites que décidément le monde va de mal en pis et que tout était mieux avant.
Euh vraiment ?
Auriez-vous vraiment aimé vivre à une époque où les maladies tuaient bien plus qu’aujourd’hui, où la mortalité infantile prenait la moitié des enfants nés dans une famille, où l’accouchement était un risque majeur pour la survie de la femme, …je continue ?
C’était mieux avant – L’aversion au changement ou « effet de la simple exposition »
« L’effet de la simple exposition » rend compte du fait que nous sommes instinctivement attachés à un stimulus si nous sommes exposés fréquemment à ce stimulus.
Plus vous êtes exposé à une personne, à une chose, à un évènement, plus vous développerez un attachement pour ces stimulus et plus votre cerveau rejettera tout changement.
Les personnes plus âgées plus sensibles
Ces deux biais cognitifs ont tendance à s’accentuer avec l’âge.
« A mon époque … » ne serait donc pas une façon pour votre papi de râler volontairement mais bien l’expression de sa sensibilité exacerbée à ces biais, à ces farces …que lui joue son cerveau.
Était-ce donc mieux avant ?
Sans doute pas que ce soit dans le domaine de l’enseignement comme dans tous les autres domaines de la vie.
Les évolutions positives sont bien là mais nous ne sommes pas programmés, ni exhorter par notre environnement à y prêter autant d’attention qu’aux évènements et évolutions négatives que nous percevons davantage.
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