Comment vaincre le sentiment de culpabilité ?

Qu’est-ce que le sentiment de culpabilité ? Est-on condamné à l’affronter dans la douleur ? Est-il indissociable de notre rôle de Parent ? D’éducateur ? D’enseignant ?

J’ai demandé à Valentine Magnée du blog « Parents en équilibre » d’aborder ce thème et d’écrire un article sur le blog Des Outils Pour Apprendre car il est surprenant de constater à quel point la culpabilité est présente dans les messages que nous échangeons entre parents. Elle a gentiment accepté de parler de ce sujet qui n’est que trop rarement développé, que ce soit par peur, pudeur, ou tout simplement parce que nous n’avons pas conscience que ce sentiment est là, bien présent mais tapis dans l’ombre …

Merci encore à elle.

[lwptoc]

Dans cet article, je te propose d’expliquer d’abord ce qu’est la culpabilité, et comment elle s’enclenche insidieusement en nous. Je te partagerai ensuite 4 points clés pour t’aider à l’affronter et la surmonter. Et en fin d’article tu trouveras une infographie sympa qui récapitule l’ensemble des éléments à retenir pour vaincre ta culpabilité. Tout ça, appuyé de nombreux exemples.

Ça te va ?

Alors, on y va !

Définition de la Culpabilité

Une émotion ou un sentiment ?

Une émotion est une réaction à la fois physique et psychique à un stimulus. Elle est intense, brève et vouée à être exprimée tout de suite.

Par exemple : ton chat fait pipi sur ton lit en pleine nuit (stimulus), tu te lèves d’un bond et tu le chasses de la chambre en râlant (réaction). Ton émotion est la colère.

Un sentiment, à l’inverse ne nécessite aucun stimulus. Il s’agit souvent du prolongement d’une ou plusieurs émotions. Le sentiment est installé de manière diffuse et peut être très intense.

Par exemple : Il y a 5 ans, ma fille est née et depuis, il ne se passe pas un jour sans que je ressente un profond attachement à elle. Mon sentiment est l’amour.

Colère… Amour… C’est bien joli, mais la culpabilité dans tout ça ?!

En réalité, la culpabilité est très particulière car elle entre tout à fait dans les deux cases !

 

Je m’explique.

 

La culpabilité peut être une émotion si elle survient de manière inattendue et éphémère suite à un événement.

Par exemple : ton fils n’arrête pas de te solliciter alors que tu es au téléphone. Tu t’énerves et lui crie d’aller jouer plus loin. Tu regrettes aussitôt d’avoir crié. Tu te sens même coupable car tu le vois partir dans sa chambre en se frottant les yeux. A la fin de ton coup de fil, tu vas le voir et tu t’excuses. Il sourit et finit par te raconter ce qu’il voulait te dire de si important : une mouche s’est posé sur sa joue pendant qu’il jouait !!!

Dans ce cas, la culpabilité découle d’une situation précise, elle est éprouvée, puis libérée (par les excuses)

 

Elle devient un sentiment si elle n’est pas libérée.

Par exemple : reprenons exactement la même situation mais cette fois, à la fin de ton coup de fil, tu pars préparer à manger dans la cuisine. Tu rumines intérieurement à quel point tu es une mauvaise mère de te mettre en colère comme ça pour trois fois rien. Au bout d’un moment, tu finis par penser à autre chose. Mais le sentiment est là, diffus… sournois… et il ne manquera pas de ressurgir, de plus en plus violemment, à chaque fois que l’occasion se présentera de te rappeler quelle mère épouvantable tu es !

 

Tu vois la différence entre émotions et sentiments à présent ?

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La culpabilité émotionnelle n’a rien de bien méchant. Elle est désagréable mais passagère.

Le sentiment de culpabilité, lui, est féroce. Il te torture intérieurement comme un petit morceau de verre oublié dans une plaie.

 

Allons plus loin à présent dans notre compréhension de la culpabilité. Comment fonctionne-t-elle et quand se déclenche-t-elle ?

 

Le Mécanisme de la Culpabilité

Le mécanisme de culpabilité pourrait se symboliser par une balance à deux plateaux.

Sur l’un des plateaux, il y a « le bien », sur l’autre, il y a « le mal ».

 

Tu culpabilises tout simplement quand tu as l’impression que ce que tu viens de faire, de dire, de ne pas faire, ou de ne pas dire, a eu pour conséquence de faire basculer le plateau :

  • soit en retirant du bien : ce qui fait vaincre le mal.
  • Soit en ajoutant du mal : ce qui fait toujours vaincre le mal !

 

Encore un exemple ?

Ok ! Je continue avec de la culpabilité maternelle (https://parentsenequilibre.com/culpabilite-maternelle/) (un sujet que je connais bien!)

 

Ta fille fait ses devoirs tranquillement. Tu lui proposes de l’aider. Elle te fusille du regard et te répond qu’elle y arrive très bien toute seule.

Tu pourrais culpabiliser parce que :

  • tu viens de rompre sa concentration (= perte d’efficacité)
  • elle croit probablement que tu n’as pas confiance en elle (ajout de pression = perte de sérénité)

 

Culpabiliser, c’est s’installer dans l’illusion qu’on génère plus de problèmes que de bénéfices pour l’autre (ou pour soi-même).

Et du coup, quand on réalise qu’on se pourrit la vie en culpabilisant, il n’est pas rare de culpabiliser de sa culpabilité !!!

Bref, un mécanisme à enrayer de toute urgence.

 

Par exemple, en arrêtant de se concentrer sur les problèmes que l’on s’imagine générer.

Et en essayant de voir dans chaque situation, la possibilité d’apprendre quelque chose de nouveau : sur soi, sur l’autre. Et donc de grandir.

On ajoute ainsi des bénéfices… et, oh magie… le plateau du « bien » remonte et rééquilibre la balance.

 

Pfiout, envolée la culpabilité !

 

A quoi sert le sentiment de culpabilité ?

Que ce soit l’émotion ou le sentiment de culpabilité, ils sont utiles pour te comprendre.

La culpabilité te renseignera toujours sur une dissonance interne, un conflit non résolu et te mènera donc sur la voie d’une rectification pour retrouver la paix intérieure.

 

Prenons un nouvel exemple : Tu n’es pas favorable à la télévision à la maison pour tes deux enfants de 3 et 5 ans. D’ailleurs, ils ne la regardent jamais à la maison. Survient un événement assez exceptionnel : le confinement à cause du coronavirus. Tu te retrouves seule à la maison avec tes deux enfants… en télétravail ! Aïe ! Au bout de 48h, tu craques et finis par mettre tes enfants devant les dessins animés. Cela te soulage un instant pour passer quelques coups de fil et aller faire pipi !! Mais tu te sens terriblement coupable.

 

Qu’est-ce que la culpabilité peut mettre en lumière comme désaccord interne dans cet exemple ?

  • tu veux bien faire ton travail et tu as besoin de temps seule pour le faire
  • MAIS tu veux aussi être une bonne maman et tu détestes la télévision.

 

Tu es coincée car si tu ne fais pas ton travail comme il faut, tu culpabiliseras.

Et en mettant tes enfants devant la télé, tu culpabiliseras aussi.

Autant te fouetter tout de suite avec un martinet à clous, non ?!

A moins qu’on voit plutôt comment sortir de la culpabilité et que tu commences à arrêter de te sentir coupable ?

 

C’est parti !

 

4 points clés pour vaincre la culpabilité

 

1. Se détacher de la culpabilité par l’action

sentiment de culpabilité

Reprenons notre balance à deux plateaux de tout à l’heure.

Si tu culpabilises, c’est que le plateau du « mal » (donc des inconvénients, des conséquences désagréables) pèse bien plus dans la balance que celui du « bien » (= les bénéfices, les conséquences bénéfiques).

Jusque là, pas de problème.

Rappelons que l’émotion de culpabilité est légitime, acceptable et même utile à certains égards.

Donc ta balance est déséquilibrée, et c’est ok.

 

Mais maintenant, la vraie question est : que fais-tu ?

 

Choix n°1 : tu réalises que tu culpabilises et tu rumines car tu détestes ça. Tu as des idées noires qui nourrissent en boucle d’autres émotions désagréables : de la peur, de la honte, de la peur, encore plus de culpabilité. Et tu culpabilises de culpabiliser, et tu te détestes.

 

Choix n°2 : tu réalises que tu culpabilises et comme tu n’aimes pas ça, tu te demandes « qu’est-ce que je peux faire pour changer la situation ? Quel est mon champ d’action, là, maintenant, tout de suite ? ». Et tu passes à l’action.

 

La différence entre ces deux choix ?

Dans le premier cas, tu te fais un shoot de culpabilité qui te met à terre.

Dans le second, tu prends tes responsabilités pour sortir de la culpabilité.

 

Se sentir coupable c’est se dire : « je suis nul.le… », « je ne peux pas… », « je ne suis pas capable… », « je ne suis pas foutue de… » etc. Tu vois le topo !

Prendre ses responsabilités c’est se dire : « ok, j’ai déconné mais maintenant qu’est-ce que je peux faire pour améliorer la situation ? »

Tu saisis ?

 

Éventuellement, tu peux te sentir libre de culpabiliser une fois que tu as épuisé ton stock d’idées pour changer la situation. Mais en principe, une fois dans l’action, regrets et culpabilité s’évaporent.

Je t’invite donc, la prochaine fois que tu te sens coupable, à simplement quitter ton rôle de victime abattue et torturée pour endosser le costume de la personne courageuse qui va agir et essayer d’améliorer les choses.

Qu’en penses-tu ?

Si tu es fermement décidé.e à décrocher de la culpabilité qui te brise le cœur, je te propose qu’on poursuive avec notre second point clé : casser les codes !

 

2. Se libérer des codes et de sa culpabilité

sentiment de culpabilité

Les codes, c’est quoi ?

Tout simplement la somme des règles, des diktats, des injonctions qu’on te rabâche depuis que tu es jeune. Et qui t’ont forcément influencé.e dans la construction de ta personnalité.

Il existe des codes culturels, religieux, familiaux…

 

J’adore l’exemple du rot !

En Europe, roter est impoli et j’imagine que, tout comme moi, on t’a appris et tu a appris à tes enfants à ne pas roter en public.

Savais-tu que dans certains pays asiatiques, il est impoli de ne pas roter au cours d’un repas. Le rot, acte tout à fait naturel, indique qu’on se régale de son repas !!

 

Tu te demandes où je veux en venir ?

J’arrive, j’arrive !

 

Le rot est un exemple. Simplement pour prendre du recul sur tous les codes qui régissent ta vie.

Qui a décidé que le rot est dégoûtant et impoli ? Qui a décidé qu’il exprimerait la satisfaction d’un estomac repu ?

Aucune idée !

 

Donc, d’une certaine manière, on suit des règles et des codes qui non seulement ont été dicté par d’autres que nous, mais on ne sait même pas qui !

Alors évidemment, il ne s’agit pas de balancer toutes les lois, les règles de bonne conduite ou les codes sociétaux à la poubelle ! Histoire de devenir roi ou reine soi-même et ne jamais culpabiliser puisqu’on choisirait de croire que tout ce qu’on fait est « bien » !

 

Non !

 

En revanche, ce que je te propose c’est de prendre conscience des codes qui génèrent de la culpabilité et de la souffrance chez toi.

Ceux-là, il serait sûrement judicieux de voir comment t’en détacher.

Suivre des codes religieux ou moraux devrait permettre à un individu de s’épanouir, d’aller de l’avant et de grandir. Pas de culpabiliser.

 

Un exemple ?

L’exemple universel que tous les parents ont expérimenté au moins une fois.

Lors des premiers mois, premières années de vie de ton premier enfant… on ne cesse de te dire comment tu dois te comporter avec ton enfant pour être un parent à la hauteur.

  • ma mère m’a suggéré : « laisse la pleurer un peu avant de la prendre »
  • mon médecin m’a interrogée : « ça serait pas un peu de la comédie ? »
  • ma belle-mère m’a affirmé : « un enfant qu’on laisse pleurer se sent abandonné »
  • Catherine Guéguen a écrit : « Si ton enfant pleure, c’est pour exprimer un besoin et ce n’est certainement pas pour te manipuler. »
  • ma grand-mère m’a gentiment dit : « mais laisse la s’épuiser. Ça lui fera les poumons !! »

Et moi… toi… exactement comme tous les jeunes parents… et bien, on culpabilise à mort de ne pas être à la hauteur de tous ces codes dictés par d’autres que nous.

Seulement, les codes des autres finiront toujours par se contredire.

On revient à la question que je te posais : est-ce que tel ou tel comportement (ou code) te fait souffrir et culpabiliser ?

Oui ? Peut-être qu’il ne te correspond tout simplement pas.

Non ? Bravo… tu as trouvé ton chemin à toi et tu peux t’affranchir des codes et du regard des autres

 

Cool, non ?

Allez respirons un petit coup ensemble, j’ai encore quelques bricoles dont je voudrais te parler pour vraiment faire la paix avec la culpabilité qui sommeille en toi.

 

3. Être coupable de son imperfection ?

parent parfait

 

Attention, va y avoir du scoop !

Scoop n°1 : l’erreur est une illusion !

Aha. Ça t’en bouche un coin ?

Et pourtant c’est vrai. Une erreur est exactement ce que l’on décide qu’elle est pour nous.

Tu as hurlé sur ton ado en découvrant qu’il fumait en cachette. Résultat, il est enfermé depuis 48h dans sa chambre. Tu sais qu’il est en vie car à chaque fois que tu cherches à lui parler à travers la porte, il te répond « va-t-en ! »

 

Aurais-tu commis l’erreur de ta vie ? Ton ado va-t-il te renier ad vitam æternam ?

Je ne vois qu’une issue : ressortir le martinet à clous et t’infliger une sévère correction. Non ?

Non, évidemment.

 

Tu choisis de voir cette erreur de parcours comme une occasion d’apprendre.

ET oui… tu as été ado toi aussi, non ?

Alors ? Aurais-tu aimé qu’on te hurle dessus ? Et si on l’avait fait, qu’aurait-on également pu te dire ? Ou qu’aurait-on pu faire pour te sortir de ta colère et entamer un dialogue constructif ?

 

Paf, tu vois, on bascule dans l’action.

Et en même temps tu es en train d’apprendre plein de nouvelles choses dans ton rôle de parent.

 

Ok, c’est pas agréable mais c’est mieux que le martinet, non ?

 

Scoop n°2 : tu as toujours été, tu es et tu resteras… imparfait !

Comme 100% des êtres humains de cette planète.

Alors par pitié, lâche ce fantasme que tu pourrais être parfait.e

Accorde toi le droit d’être toi-même plutôt qu’une parfaite illusion qui répondrait à tous les codes (on y revient!)

Et dans la vraie vie, la tienne, la mienne, la culpabilité n’a pas à être un problème.

Vois ta culpabilité comme un ami proche qui n’aurait pas la langue dans sa poche. Elle est là pour te dire quand ça va pas et pour te signaler qu’il y a quelque chose à changer.

 

Pas plus, pas moins.

Un moyen de t’équilibrer si tu veux.

Et l’équilibre est une succession de déséquilibres rectifiés.

L’équilibre parfait n’existe pas. Pas plus qu’une version parfaite de toi.

 

 

4. Et la Bienveillance, on en parle ?

bienveillance

 

Dernier point clé et non des moindres, pour arrêter de culpabiliser.

 

Après l’acceptation des ses imperfections et de ses erreurs, il s’agit à présent de parler d’Amour et de Bienveillance.

Et si la Bienveillance commençait par toi-même ?

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Reprenons certains des exemples précédemment cités :

  • tu cries contre l’un de tes enfants car tu es en colère
  • tu déranges l’un de tes enfants en plein travail pour lui demander quelque chose
  • tu mets tes enfants devant la télé pour te libérer

 

Est-ce que lors d’une seule de ces situations, tu as intentionnellement décidé de causer du tort à ton enfant ?

Quelles intentions positives ou quels besoins ont guidé ces comportements ?

  • tu as peut-être crié contre l’enfant qui te sollicitait parce que tu avais besoin de calme pour finir rapidement ton coup de fil et ensuite être pleinement disponible pour lui ?
  • tu as peut-être dérangé ton enfant en plein travail pour chercher à l’aider ?
  • tu as peut-être permis à tes enfants de regarder la télévision parce que tu avais besoin d’un moment pour toi et que tu sais qu’une fois reposée, tu seras plus disponible pour eux ?

 

Je ne sais pas si tu vois où je veux en venir ?

 

Faire preuve de Bienveillance envers toi-même, c’est ne pas te juger immédiatement pour ce que tu as fait, en ne voyant que les conséquences négatives.

Pour sortir de la culpabilité, il est important de parvenir à avoir la même bienveillance que tu aurais envers tes enfants, mais envers toi-même.

Tu chercherais sans aucun doute à discuter avec ton enfant si tu voyais qu’il va mal.

 

Et bien c’est pareil pour toi. Tu culpabilises donc tu te sens mal : discute avec toi-même et avec bienveillance.

Tu ne t’incrimines pas, ne te victimises pas.

Tu respires et tu écoutes. De quoi as-tu besoin ? Quelle était ton intention première ? Comment peux-tu inverser la tendance.

Tu respires et tu te recentres.

Je te partage cette méditation guidée absolument formidable pour nettoyer sa culpabilité.

 

Essaye, c’est génial. Bouleversant mais génial.

 

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Ce qu’il faut retenir pour ne plus se sentir coupable ?

 

✅ La culpabilité est une émotion normale que chacun est amené à expérimenter

✅ La culpabilité est désagréable mais peut être utile pour identifier ses conflits internes

✅ Vaincre ta culpabilité implique de te responsabiliser et d’agir pour rectifier la situation

✅ En te libérant de certains codes qui ne te correspondent pas, tu peux t’affranchir de ton sentiment de culpabilité

✅ Arrêter de culpabiliser c’est t’accepter tel.le que tu es : imparfait.e et donc commettant des erreurs

✅ La Bienveillance commence par toi-même : te traiter avec amour et douceur atténue la culpabilité

 

Sentiment de culpabilité

 

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