La persévérance, une habileté du cerveau à entraîner

Une étude d’Harvard a démontré un lien entre le fait que votre enfant supporte plus « facilement » le masque et sa réussite scolaire. Il existerait une « centre cérébral de la persévérance », une zone du cerveau à entraîner pour réussir à l’école.

Depuis plusieurs mois maintenant, les élèves et les étudiants sont obligés de porter un masque toute la journée pour aller à l’école et à l’université. Ils doivent se concentrer tant bien que mal sur leurs cours plutôt que d’être distrait par la gêne causée par le port du masque.

Face à cette inconfort tous les étudiants ne réagissent pas de la même manière. Certains ont, en effet, plus de mal que d’autres à supporter cette obligation durant toute une journée. Or, incroyable mais vrai, une récente étude menée au centre de neurosciences de l’université d’Harvard a mis en évidence que les élèves qui arrivaient à maintenir longtemps le masque, réussissaient également plus facilement à l’école.

Persévérance face aux épreuves de la vie et réussite scolaire semblent liés.

La persévérance, une habileté de notre cerveau

masque école

Mais qu’est-ce que la persévérance ?

La persévérance est la capacité que nous avons tous de continuer une activité au-delà du fait que celle-ci soit considérée comme ennuyeuse ou désagréable.

 

La persévérance, visible sur une IRM

Or cette capacité à être « persévérant » peut être visualisée dans une partie spécifique du cerveau : le cortex cingulaire antérieur ou « mCC » (Josef Parvizi, 2013). Le mCC s’active quand l’étudiant doit surmonter un obstacle (FeldmanBarrettbc, 2020). A ce moment précis son cerveau va faire le calcul entre:

  • d’une part, l’intensité des sensations/émotions négatives liées à cette activité (c’est-à-dire à quel point elle est perçue comme étant désagréable) et
  • d’autre part, l’intensité des sensations positives qui sont attendues, espérées une fois que l’activité sera accomplie (c’est-à-dire la satisfaction que nous pouvons retirer de l’accomplissement réalisé).

 

Inhibition/surstimulation du centre de la persévérance

Certaines études ont montré que chez les individus souffrant de dépression, le centre de la persévérance était comme en veille. Attention, cette observation ne permet en aucun cas de tirer des conclusions quant aux causes de l’état dépressif.

 

Si vous inhibez complètement cette zone chez un individu, il deviendra totalement apathique, incapable de prendre la moindre décision ou d’accomplir la moindre tâche. Au contraire, si vous stimulez artificiellement cette zone chez un individu, celui-ci se sent tout d’un coup pris d’une irrésistible envie de se lancer dans de nombreuses activités et décrit une sensation d’émulation, l’envie d’escalader un mur ou de franchir un obstacle. Qui sait, les chercheurs découvriront peut-être un jour une pilule magique pour stimuler cette zone. Cela est-il souhaitable et éthique ? C’est une autre question…

Persévérance face au port obligatoire du masque et réussite scolaire

masque école

L’activation du centre de la persévérance face au port du masque, se fait de la même façon que face à n’importe quelle contrainte. Le cerveau évalue la différence entre le ressenti négatif lié au port du masque et le ressenti positif imaginé lié à l’accomplissement de la journée d’étude. Un étudiant supportera son masque en cours car il s’imaginera le soulagement de l’enlever une fois rentré chez lui. Mais aussi car il s’intéressera à sa leçon, souhaitera réussir son examen, visualisera le sourire de ses proches, ou tout simplement car il sera soulagé de ne pas avoir à tout recommencer.

 

Or, les expériences ont révélé que chez les étudiants plus « persévérants » avec le port du masque, le cortex cingulaire est aussi plus développé comparé aux autres étudiants de l’étude.

 

Les étudiants plus « persévérants » arrivent ainsi, grâce à l’activation de cette zone de leur cerveau, à minimiser le ressenti désagréable du port du masque et à maximiser les impressions positives, quoique lointaines est incertaines, qu’ils s’imaginent ressentir une fois que la tâche sera accomplie. Cette zone du cerveau semble donc cruciale pour que les étudiants perçoivent une tâche non pas comme une contrainte mais bien comme une étape nécessaire vers l’accomplissement d’un objectif.

 

Ces mêmes étudiants sont également ceux qui réussissent le mieux à l’école et à l’université (FeldmanBarrettbc, 2020)!

Le centre de la persévérance peut être entraîné

masque persévérance

« Alors », me direz-vous « très bien, les étudiants ne sont pas égaux face à leurs capacités de persévérance du coup ils ne réussissent pas de la même façon à l’école » mais pouvons-nous contrôler ce processus de la persévérance de façon volontaire ?!

La réponse est oui !

Pas question ici d’une pilule magique que vous seriez tentés de faire avaler tous les matins à votre enfant avant d’aller à l’école car il manque selon vous de persévérance 😉 …

Je sais que cette idée vous a traversé l’esprit, avouez-le 😉

 

  1. L’attention

La persévérance est une habilité qui peut se travailler tout d’abord grâce à l’attention. L’étudiant peut être persévérant en éloignant son attention des sensations désagréables qu’il ressent (le port du masque, la fatigue après une journée d’étude quand il prépare un examen, …) et en reportant cette attention sur des sensations positives agréables quoique plus subtiles. Il tente alors d’amplifier ses sensations positives.

Il manque d’attention ? Voici ce que vous pouvez faire !🧐

  1. La métacognition

La métacognition est la connaissance consciente que nous avons de nous-mêmes, de notre façon de réfléchir, de nos stratégies mentales et donc aussi de nos stratégies d’apprentissage pour pouvoir les adapter. De la métacognition, nous savons que les processus de « visualisation positive » (la capacité à se projeter dans une situation de réussite scolaire par exemple) ont un réel impact sur l’apprentissage et modulent l’activité dans certaines zones du cerveau dont le centre de la persévérance.

 

Motivation & Persévérance

persévérant

Dans les mails que je reçois chaque jour, on me parle très souvent de manque de motivation et quelques fois aussi du manque de persévérance.

Un enfant, un adolescent, peut ne pas être motivé par une tâche parce que, pour son cerveau, l’intérêt à accomplir cette tâche n’est pas suffisamment important face aux contraintes qui y sont associées.

Utiliser les émotions, décomposer la tâche, rendre l’objectif claire …Si vous voulez des pistes pour remotiver son cerveau, je vous propose cet article XXX (Motivation / devoirs ?)

Votre enfant peut également être motivé, même très motivé par une tâche mais laisser tomber en cours de route par manque de persévérance … càd car il n’arrive ni à focaliser son attention sur ses ressentis positifs, ni à visualiser sa réussite …

 

Moi, mon fils et la projection au sol…

judo

Il y a un an de cela j’étais indécise quant à la marche à suivre… mon enfant de 6 ans avait décidé qu’il ne voulait plus suivre son activité sportive à savoir le judo :

En face de son « sensei » et des autres enfants, il avait hurlé un « maman, je n’aime pas qu’on me bouscule et qu’on me mette à terre … »

Evidemment face à ces paroles, et même si vous avez investi du temps et de l’argent dans cette activité, et même si tout le monde vous regarde …hum hum …votre petit cœur de maman devient tout mou et vous n’avez qu’une envie : prendre votre enfant dans vos bras et satisfaire à sa requête, à savoir tout arrêter. Ce que j’ai fait.

Septembre, rentrée des classes. Mon fils me dit fièrement qu’il veut à nouveau faire du judo … Gros doute pour nous. Allons-nous retenter l’expérience ? Il a recommencé le judo mais deux mois plus tard …patatra, gros pleurs dans sa chambre avant de devoir s’habiller pour partir. Cette fois-ci je n’ai pas cédé.

Motivé mais pas persévérant …vous me suivez ?

Rem. : Bien sûr, il est important d’écouter les émotions de l’enfant ! (En français dans le texte avant de recevoir une volée de bois vert 😉

Nous lui avons demandé de visualiser le moment où il recevrait sa ceinture jaune …et cela a fonctionné !

Je sais aujourd’hui que notre enfant peut persévérer dans son activité malgré la sensation désagréable qu’il a toujours quand il se retrouve projeté au sol (ce qui est assez fréquent quand on fait du judo…)

 

La persévérance, cela s’apprend !

La persévérance est quelque chose qui s’entraîne, qui s’acquiert au fil des années. Nous savons que tout ce que nous faisons -ne sera pas et ne peut pas- être toujours agréable. Nous savons également qu’après de grands efforts, il se peut que nous ressentions une grande fierté à avoir dépasser les obstacles qui se présentaient sur notre route.

Accompagner son enfant dans son apprentissage, c’est lui permettre de développer cette capacité à se projeter dans une situation de réussite pour qu’il puisse focaliser son attention sur les sensations positives.

 

Bibliographie

FeldmanBarrettbc, A. C. (2020). The tenacious brain: How the anterior mid-cingulate contributes to achieving goals. Cortex, Feb;123:12-29.

Josef Parvizi, 1. V. (2013). The will to persevere induced by electrical stimulation of the human cingulate gyrus. Neuron, Dec 18;80(6):1359-67.

 

 

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